Février à Paris. L’air est encore piquant, le ciel souvent laiteux, et les manteaux en laine épaisse continuent de régner sur les boulevards haussmanniens. Mais en tendant l’oreille – ou plutôt, en suivant son nez – quelque chose change. Une transition olfactive s’amorce. Dans les cafés feutrés de Saint-Germain, sur les marches du Palais-Royal, ou encore entre les rayons de la librairie Galignani, une note surgit, intrigante et presque anachronique : le chypré.
Cette saison, Paris semble redécouvrir ce parfum de caractère, souvent injustement relégué aux souvenirs d’armoire ou aux élégances oubliées. Mais les nouvelles créations ont su s’adapter à notre époque, entre clins d’œil classiques et audaces contemporaines. Voici les sept chyprés qu’on sent littéralement partout, de la bouche du métro République à la devanture du Bon Marché.
1. Barénia d’Hermès – L’élégance du cuir en mutation
Quand j’ai senti Barénia pour la première fois, c’était un matin froid, au détour de la rue de Sèvres. Un souffle chaud, à la fois sucré et texturé, m’a enveloppée. J’ai immédiatement su qu’il s’agissait d’un Hermès. Christine Nagel, la directrice olfactive de la maison, a puisé dans l’univers équestre et artisanal d’Hermès pour façonner ce chypré nouveau.
Les notes dominantes : papillon lily (un lys plus doux et moins entêtant que son cousin classique), baies mystérieuses légèrement poivrées, bois grillé, et bien sûr, patchouli en double fond. Pas de mousse de chêne ici, mais une chaleur boisée sensuelle, presque cuirée, qui rappelle les brides et selles parfaitement huilées.
Le flacon : fidèle à l’esprit Hermès, il reprend la forme du bracelet « Collier de chien » – un hommage discret mais puissant à l’ADN de la maison.
Utilisation et tenue : Barénia tient exceptionnellement bien. Il évolue sur la peau, s’ouvre épicé et se referme velouté. Idéal pour les journées de mars encore froides ou les soirées printanières en terrasse.
Prix : 80,90 € pour 30 ml sur nocibe.fr, ou en boutique Hermès, rue du Faubourg Saint-Honoré.

2. Yvonne Extrait de Parfum d’Ormaie – L’hommage émouvant
Yvonne, c’est d’abord une histoire. Celle d’une grand-mère élégante, d’un héritage sensoriel transmis avec pudeur. En sentant ce parfum au Bon Marché, j’ai été saisie par l’intimité de son sillage : un mélange sophistiqué de patchouli, de bois noble, mais adouci par des fruits rouges inattendus.
Les notes : rose ancienne, jasmin enivrant, patchouli terreux, bois de santal lacté. Et surtout, cette touche de cassis et framboise qui illumine l’ensemble.
La texture : c’est un extrait de parfum – concentré, intense, presque huileux sur la peau. Il ne faut qu’une goutte derrière l’oreille pour transformer un matin gris en moment sensoriel riche.
Le flacon : sculptural, comme une colonne de verre surmontée d’un capuchon artistique. Parfait sur une coiffeuse.
Où l’acheter : directement sur ormaieparis.com ou chez Nose (rue Bachaumont, Paris 2e).
Prix : 225 € les 50 ml, disponible dès le 15 septembre.
3. Numéro 11 de Sacha Henry Jacques – La fraîcheur néo-classique
Celui-ci, je l’ai découvert par hasard, en discutant avec une libraire du Marais. Elle portait une fragrance qui m’évoquait à la fois la cologne d’un oncle dandy et l’odeur des draps frais d’un hôtel de charme. Numéro 11 est un chypré lumineux, presque printanier dans son interprétation.
Composition : lavande fraîche, bergamote juteuse, fleur d’oranger veloutée, benjoin légèrement fumé. Une construction en strates, comme un mille-feuille olfactif.
Sensation : on se sent propre, vif, lumineux. Idéal pour ceux qui veulent un chypré sans la lourdeur.
Prix : 770 € les 15 ml – oui, c’est un bijou rare. Disponible chez Harrods ou sur henryjacques.com.
Astuce : appliquez-le sur les points chauds (poignets, creux du bras), mais surtout, sur le col intérieur d’un trench beige. Divin.
4. Aristo Chypre d’Infiniment Coty – La révolution moléculaire
Je ne suis pas une grande fan des « parfums techniques ». Mais Aristo Chypre m’a fait changer d’avis. Grâce à une technologie appelée “halo moléculaire”, il tient plus de 30 heures sur la peau. J’ai testé sur un manteau de laine — l’odeur y était encore deux jours après.
Les accords : rose veloutée, patchouli profond, une touche boisée vibrante. L’ensemble est moderne, avec un effet “seconde peau”.
Design : flacon simple, presque clinique. L’efficacité prime. Un bon rappel que le luxe ne se crie pas.
Prix : 230 € les 75 ml sur infinimentcoty.com
Public : idéal pour celles et ceux qui veulent un parfum durable sans sacrifier l’élégance.
5. Ô de Lancôme – L’éternelle fraîcheur chyprée
Celle-ci est un classique. Je me souviens de ma tante qui la portait au printemps, toujours habillée de lin blanc et de bijoux anciens. Mais en la redécouvrant cette année, je l’ai trouvée étonnamment actuelle.
Composition : citron vert, basilic, jasmin, vétiver. Un vert éclatant, presque aquatique. Il évoque la campagne française au petit matin.
Sensation : fraîche, élégante, revigorante. Le sillage est discret mais raffiné.
Prix : 76,50 € les 100 ml sur sephora.fr ou dans toutes les grandes parfumeries.
Idéal pour : les premiers jours de soleil. Sur une peau encore froide, il prend toute sa dimension.
6. Rose Roche de Diptyque – La minéralité sensuelle
Je l’ai portée lors d’un dîner au Perchoir Ménilmontant. Plusieurs personnes m’ont demandé ce que c’était. Rose Roche est un chypré discret mais redoutablement sophistiqué, oscillant entre douceur florale et rugosité minérale.
Pyramide olfactive : rose cristalline, zeste de citron, patchouli en filigrane. Rien de trop, tout est parfaitement dosé.
Design : typique de Diptyque : sobre, étiquette noire et blanche, flacon ovale. Mais l’effet est magique.
Prix : 275 € les 100 ml. En vente sur diptyqueparis.com ou au flagship du boulevard Saint-Germain.
Conseil : appliquez-le sur cheveux mouillés pour un effet enveloppant qui dure toute la journée.

7. Patchouli Parisien de Guerlain – L’âme de la ville en bouteille
Je l’ai acheté presque par réflexe en traversant la boutique Guerlain des Champs-Élysées. Le nom m’a intriguée. L’odeur m’a ensorcelée. Patchouli Parisien, c’est une promenade nocturne sur les quais, un opéra improvisé dans un hall haussmannien, une conversation passionnée dans un taxi à minuit.
Notes : patchouli dense, musc blanc, bois de cèdre, fruits noirs en arrière-plan. Une composition festive et sensuelle, très urbaine.
Tenue : incroyable. Le lendemain matin, on le sent encore sur l’écharpe. Il laisse une empreinte.
Prix : 325 € les 100 ml. Disponible exclusivement sur guerlain.com ou à la Maison Guerlain, 68 avenue des Champs-Élysées.
Où acheter ces merveilles en France ?
- Nocibé.fr
- Sephora.fr
- Guerlain.com
- Diptyqueparis.com
- Nose.fr
- Boutiques physiques : Le Bon Marché, Galeries Lafayette Haussmann, Printemps, La Samaritaine
À Paris ce printemps, les rues ne sentent pas seulement le café, les marrons chauds ou la pluie sur la pierre. Elles sentent aussi la mémoire, la modernité, l’audace, et surtout… un retour en force du chypré. Et cela, je ne peux que m’en réjouir.